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charles baudelaire, les fleurs du mal (1857) un hémisphère dans une chevelure laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air. si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j’entends dans tes cheveux! mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique. tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur. dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco. laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. charles baudelaire, petits poèmes en prose (1862) commentaire n°26 questions: quel est l’intérêt de cette réécriture? quelle liberté apporte la prose par rapport au vers? en quoi le passage du vers à la prose est-il significatif de l’évolution poétique de baudelaire? de ces deux textes, lequel vous semble le plus « poétique »? prose et vers sont-ils nécessairement à opposer? la prose vous semble-t-elle plus facile à manier que le vers? peut-on dire qu’un poème en prose reste un poème? eléments d’introduction: - sur baudelaire, voir le commentaire d’une charogne - on rappellera que le poème en prose est un genre nouveau au xixe et qu’il a notamment été réellement formé par aloysius bertrand, dans son recueil gaspard de la nuit (1842). - les petits poèmes en prose (connus également sous le nom de spleen de paris ) témoignent de l’évolution poétique de baudelaire vers une plus grande liberté et surtout de sous souci de rapprocher entre eux les genres littéraires: ces textes, où la veine poétique est maintenue, peuvent se rapprocher de récits, ou même d’essais critiques. la chevelure; un hémisphère dans une chevelure premiers repérages a. passage du vers à la prose. entre les deux versions, cinq ans se sont écoulés: 1857 pour la chevelure, extrait des fleurs du mal , 1862 pour un hémisphère dans une chevelure, extrait de petits poèmes en prose. le passage du vers à la prose témoigne donc d’une évolution poétique. il est donc essentiel de comprendre le passage à la prose comme un « perfectionnement », un progrès dans la conception poétique du poète: baudelaire nous suggère donc que la poésie doit évoluer vers un renoncement au vers. b. ce que nous disent les titres tout d’abord, la référence à la chevelure apparente nos deux textes à l’art du « blason » poétique (comme pour les armoiries des grandes familles, le blason poétique est un « détail », une « partie » du corps qui symbolise la femme toute entière). pourtant, entre ces deux titres, on note un écart, une différence dans la conception de ces blasons le titre même la chevelure traduit sans doute la volonté de peindre un absolu; la dimension allégorique du poème est évidente: l’article défini fait de la chevelure une sorte de forme universelle, où, tout au moins, semble en faire la chevelure par excellence. sans doute n’est-ce donc pas étonnant si c’est à la chevelure elle-même que le poète s’adresse: elle est ainsi personnifiée au contraire, le titre du poème en prose rend cette chevelure plus singulière, plus imprécise, sans doute: l’article est indéfini, il s’agit d’une chevelure mal identifiée, une chevelure, peut-être, parmi d’autres. et dans ce poème en prose, le poète ne s’adresse plus à la chevelure elle-même, mais à la femme qui la porte (« l’odeur de tes cheveux »). donc, ici, l’art du blason est plus limité, la chevelure est un attribut de la femme, et non ce qui la représente. l’évocation est donc plus « réaliste », plus proche d’une forme de réalité. on a donc le sentiment que derrière le passage du vers à la prose, passage de la mélodie « régulière », à une parole plus « humaine », peut se lire le passage d’un rêve prolongé à une forme de réalité. ce que nous dit la construction de ces deux poèmes. la différence entre le « rêve prolongé » du premier texte à une « forme de réalité »dans le second peut être perçue dans l’évolution de chacun de ces deux textes. si nos deux textes s’ouvrent sur un parfum (« o parfum »/ « laisse-moi respirer »), seul le premier maintient cette image jusqu’au bout (« je hume à long traits le vin du souvenir »). au contraire, le texte en prose s’achève sur une image beaucoup plus concrète: « mordre », « je mange des souvenirs ». plus concrète mais aussi moins raffinée (« je hume »- registre soutenu; « je mange » registre courant). cette progression comparée des deux poèmes reflète donc le souci de baudelaire de trouver des images plus concrètes, plus réalistes. on remarquera égalemen